Le Doute m’accompagne au quotidien depuis longtemps. Sa présence s’est renforcée avec le temps et surtout à force d’expériences nouvelles.
Vivre de nouvelles expériences permet d’entrevoir les choses autrement et de vivre directement que les choses peuvent être vues autrement.
Des idées acquises sont remises en question : au moins le temps de savoir si elles restent adaptées… ou plutôt dans quelles situations elles restent adaptées.
Le Doute apparaît et alors « on ne sait pas ». Ou plutôt, nos expériences passées ne semblent plus suffisantes face à la nouveauté, la surprise, l’imprévu ou l’inconnu.
Inconfort et côté obscure
Très souvent, cette prise de conscience est assez inconfortable, surtout si elle s’installe et si, comme moi, vous êtes en quête de vérités, de justesse et de sens.
Le Doute Pathologique guette. Celui qui génère une souffrance, un vide face à des décisions ou des situations nouvelles. Celui qui s’auto-entretient. Le côté obscure du Doute.
Il peut anéantir toute forme de confiance : vous faisant douter de vos propres expériences passées. Après tout : comment être sûr qu’on les a vécu « du bon côté » et qu’on ne s’est pas mis le doigt dans l’œil depuis le début ?
[Ce n’est pas le sujet ici mais face à ça, rappelez-vous que vous avez surement déjà foiré sans vous en rendre compte et que vous avez su rebondir, vous adapter et vous relancer avec des idées solides qui vous ont aidé à surmonter de nombreuses situations. Au plaisir d’en échanger.]
Chance et mise à jour
Du côté lumineux, le Doute permet aussi et avant tout de « garder la tête froide ». Savoir que l’on ne sait pas offre la chance de s’ouvrir aux différentes manières de voir, vivre et traverser les situations.
Autrement dit, le Doute est la porte d’entrée à de nouvelles idées sur le monde et nous-même.
Par exemple, j’ai récemment remis en question les formules des coachs du type « Soyez l’auteur de votre histoire. » ou « Reprenez en main votre vie. ».
Ces formules véhiculent pour certaines personnes un jugement selon lequel il faut avoir la main sur sa vie ou écrire chaque ligne de son histoire.
Or c’est d’une part impossible (nos vies sont complexes et cet absolu est au mieux un idéal, au pire un enfer) et c’est d’autre part prendre le risque d’exclure celles et ceux qui aiment se laisser porter et qui vivent très bien ces moments quand ils sont à vivre.
C’est là que mon Doute m’inquiète.
Car je partage allègrement ce genre de formule et véhicule alors moi-même une vision du monde qui pourrait ne pas représenter ce en quoi je crois. Suis-je entrain de me trahir ? Quid de mon authenticité ?
Et c’est là la pertinence du Doute : ce n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de repérer ce qui est important, ou ce à quoi on peut se fier.
Le Doute permet de mettre à jour des croyances et de faire des choix conscients.
Finalement, où me mène mon Doute sur les formules de coachs ?
À retrouver mes valeurs et à voir en quoi elles sont nourries ici :Les professionnels de l’accompagnement savent que ce qui importe n’est pas que les gens maîtrisent leur vie mais qu’ils soient OK avec la manière dont ils la vivent.
Ici « l’auteur de l’histoire » choisit d’écrire l’histoire avec une intention et c’est cette intention qui doit être « maitrisée » : l’auteur sera d’autant plus satisfait que sa manière d’écrire sera représentative de qui il est et de ce qu’il a consciemment souhaité d’écrire.
Donc, c’est bien sûr OK de ne pas souhaiter « être l’auteur de son histoire », si cette manière de vivre a pu faire l’objet d’un choix conscient et que la personne s’autorise à revenir sur cette décision le moment où ce ne sera plus OK pour elle.
Ces expériences de pensées qu’offrent le Doute sont précieuses quand elles permettent de confirmer que l’on est sur « le bon chemin » – le sien – ou de s’autoriser à en prendre un autre qui le sera davantage.
Compagnon et assistant
Pour terminer sur les apports de Doute, j’ajoute ici qu’il n’est pas qu’un compagnon sur mon chemin de vie quotidienne au sens « dans ma vie personnelle ».
C’est un inestimable assistant dans mon activité professionnelle :
C’est lui qui me permet d’accueillir chacune des personnes que je reçois telle qu’elles se présentent car je ne sais rien de ce qu’elles vivent, ressentent ou traversent avant qu’elles n’aient accepté d’en faire part.
Le Doute me permet dans ce contexte qui m’est cher d’être à l’écoute de l’autre (ce qui est encore plus important pour moi).
Le Doute est un de mes meilleurs outils de travail pour donner à chaque personne les moyens de trouver des solutions qui soient vraiment les siennes, d’apprivoiser sa vie selon ses propres valeurs et de continuer sur un chemin qui soit authentiquement le sien.
En conclusion
Quand il ne s’auto-entretient pas (douter pour douter), le Doute (me) permet de :
- mettre à jour des croyances afin de s’assurer qu’elles sont vraiment aidantes ;
- s’ouvrir à d’autres perceptions du monde et d’enrichir sa propre vision et manière de vivre sa vie ;
- être à l’écoute des autres au-delà de ce que l’on a vécu jusqu’ici.
Et pour vous, quel rôle joue le Doute dans votre vie ?